elle espérait que la présence du père réprimerait la mauvaise humeur du fils. Elle rentra en levant les yeux au ciel, et en soupirant.
Vieumaite, en peu de mots, apprit à Pélasge l’événement du matin. À son tour Pélasge lui parla de la femme vue par lui sur le chemin des charrettes.
« Je crois avoir le mot de l’énigme, dit Vieumaite : je sais pertinemment qu’une famille de petits blancs, à six milles d’ici, a donné l’hospitalité, moyennant finance, à une jeune demoiselle de la Nouvelle-Orléans compromise par un étranger qui s’est enfui. C’est probablement elle, ou quelque femme à son service, que vous avez rencontrée. Enfin, qu’importe ? on nous a donné l’enfant, nous le gardons. C’est une charmante petite fille, vous allez voir, Adieu ; je n’ai pas trop de temps devant moi, l’état de l’atmosphère est toujours bien menaçant. »
Tout en parlant, Vieumaite, aidé par le jeune nègre qui l’accompagnait toujours, s’était remis sur sa selle.
« Je vois que vous avez pris vos précautions, dit Pélasge, en posant sa main sur un manteau bouclé derrière la selle.
« Il est bien vieux, répondit Vieumaite, mais il est encore utile. Vous ne sauriez croire combien j’y suis attaché. Nous avons vu bien des pays ensemble, supporté plus d’une averse, dormi à la belle étoile en Italie, en Espagne, en Grèce, en Asie Mineure. »
Le cheval de Vieumaite piaffait d’impatience, l’approche de l’orage le rendait nerveux.
« En route ! » dit Vieumaite, en effleurant de l’éperon le flanc de son cheval.
Le bouillant animal hennit de joie, et partit avec la rapidité de la flèche.