Page:Mercier - La Destruction de La Ligue, ou la réduction de Paris, 1782.djvu/13

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de barbarie, par des idées saines & des principes restaurateurs de la liberté ? Pourquoi un peuple a-t-il épuisé sa constance pour des chimeres, au lieu de conquérir des avantages réels, & qui étoient alors en sa puissance ?

Ainsi, par une opposition fatale et trop bien marquée dans l’histoire, le courage & les lumières ne se rencontrent jamais ensemble. L’intrépidité soutenue appartient à tel siècle, & ce n’est qu’une force aveugle qui se meut au hasard. Les idées politiques et justes naissent dans un autre siècle, & les bras sont énervés, amollis, les âmes foibles, dégradées, sans vigueur & sans caractere.

Les temps de nos guerres civiles sont ceux où, malgré le fanatisme, le philosophe aime à reconnoître du moins les âmes fortes, hardies, passionnées ; & il regrette alors que ces rares vertus de l’homme n’aient pas été appliquées avec plus de discernement à des causes vraiment grandes, patriotiques, & dignes de sa valeur.

Ainsi le fanatisme de ce siècle doit être dou-