Page:Mercier - La Destruction de La Ligue, ou la réduction de Paris, 1782.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

blement en horreur aux philosophes, en ce qu’il a corrompu ce qu’il y a souvent sur la terre de plus utile à un peuple opprimé & généreux ; la guerre civile. Nos voisins sont sortis triomphans avec la liberté, de ces mêmes guerres où s’agitaient leurs nobles courages. L’Angleterre, la Hollande, la Suisse, &c. ont racheté de leur sang les droits de l’humanité ; et nous, après tant d’efforts, de combats, lorsque ces mêmes convulsions révélaient la force des individus & le tempérament robuste de l’état, las, affaissés, retombant sur nous-mêmes, nous avons ployé sous le joug de Richelieu, vingt-deux ans, après tant d’exemples de fermeté et de constance. On s’étoit égorgé pendant trente-cinq ans pour des illusions ; & la nation, ayant l’épée au poing, ne sut ni connoître ni raisonner ses vrais intérêts politiques.

Remontons à l’origine de cette ligue fameuse qui pouvoit régénérer l’état, & ne fit que le troubler ; qui fut d’abord instituée par les plus sages motifs, & dégénéra par le fanatisme des