Page:Mercier - La Destruction de La Ligue, ou la réduction de Paris, 1782.djvu/28

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coupables que s’ils n’en eussent point parlé, ils abandonnerent ces grands objets si intéressans à examiner & à débattre. En lisant leurs cahiers, on croiroit être assis sur les bancs de sa Sorbonne & y entendre le jargon des ergoteurs, au lieu du langage des hommes d’état.

Le fier duc de Guise, l’idole de Paris, & qui avoit mérité cette idolâtrie par ses qualités héroïques & populaires, plein d’audace & de courage, touchant du pied les degrés du trône, mit à profit cette haine universelle contre Henri III, & fondée sur les plus grands motifs qu’une nation puisse avoir ; mais il méprisa trop son roi. Il n’apperçut ni sa haute fortune, ni toute la faveur du peuple ; il perdit l’occasion de régner sur la nation, qui déjà l’adoroit. Guise, content d’avoir avili le trône par la supériorité de son génie, temporisa ou dédaigna de s’y asseoir. Il emporta dans le tombeau, aux yeux du peuple, le nom d’un héros magnanime. On crut qu’il n’avoit pas voulu