Page:Mercier - La Destruction de La Ligue, ou la réduction de Paris, 1782.djvu/29

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acheter une couronne par un crime qui lui auroit été si facile, & dont il auroit été absous par la voix publique, & peut-être même par la voix de la postérité.[1]

Le foible Henri III[2] pendant ce tems

  1. On a donné à Cromwel le nom d’usurpateur ; il s’élança d’un gradin bien plus bas que celui où étoit Guise : mais n’a-t-on pas porté à la cour de France & publiquement le deuil de l’usurpateur ?
  2. On dévoroit d’avance le trône de Henri III qui, quoique jeune, n’avoit point d’enfans, & qui n’avoit plus de frere. Catherine de Médicis croyoit facilement en exclure le roi de Navarre & le prince de Condé pour cause de protestantisme. Elle vouloit donner la couronne au duc de Lorraine, son gendre. Le duc de Guise de son côté songeoit à reléguer le roi dans un couvent, & à régner à sa place. Il auroit mis en-avant le cardinal de Bourbon ; il auroit appuyé sur le droit de proximité ; puis renversant d’un coup de pied le fantôme, il se seroit montré aux yeux du peuple disposé déjà, par l’amour qu’il avoit su lui inspirer, à le recevoir. Henri III de son côté regardant le royaume comme un patrimoine, comme une ferme qu’il pouvoit démembrer à sa volonté, n’étoit pas éloigné de le partager en faveur de ses mignons ; & Joyeuse & d’Epernon devoient y avoir la meilleure part. Henri III appelloit Joyeuse & d’Epernon ses enfans.