Page:Mercier - La Destruction de La Ligue, ou la réduction de Paris, 1782.djvu/31

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Quelle leçon pour les rois prévaricateurs ! Les enfans de Catherine de Médicis, comme frappés de la malédiction des peuples, descendirent tous au tombeau avant le tems, & sans lignée. La mort moissonna dans leur jeune âge, & Charles IX, & Henri III, & les ducs d’Alençon & d’Anjou, & toute cette race de mauvais & d’indignes princes, qui n’eurent d’activité que pour le mal. La nation se regarda bientôt comme délivrée d’un fléau qui préparoit sa ruine entière. Tout retentissoit de cris d’alégresse ; c’étoit peut-être le moment, pendant cet interregne, de rétablir les droits de la nation. Elle étoit remise à elle-même ; elle ne connoissoit pas alors les vertus héroïques de Henri IV, qui étoit pour elle

    comme le soutien de ses droits & de sa liberté, & l’on crioit tout haut, Dieu éteigne la race des Valois ! Jamais peuple ne jeta un cri plus unanime. Ce régicide fut regardé, non-seulement en France, mais encore en Italie, comme une action vertueuse ; & l’on compara le parricide, les uns à Judith & à Eléazar, les autres aux plus grands hommes de l’antiquité.