Page:Mercier - La Destruction de La Ligue, ou la réduction de Paris, 1782.djvu/38

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ment des esprits & combien il est nécessaire qu’ils soient éclairés par les lumieres de la bienfaisante philosophie qui s’oppose de tout son pouvoir aux servitudes nationales. Tandis que, privé d’une utile clarté, ce peuple faisoit des prodiges de valeur qu’il auroit pu mieux employer, le cardinal Granvelle, appuyé de ce Philippe II, ennemi farouche de toute liberté civile, politique & religieuse, vouloit le surcharger encore du fardeau de l’inquisition, & il y tendoit les mains, souffrant de la famine & plongé dans les horreurs de la guerre. Et à quoi se bornoient les réclamations de ce peuple vaillant, à ce cri général & inconcevable, comment recevoir un hérétique dans le trône de saint Louis ?

Quelle étoit donc cette horreur invincible pour le protestantisme ? Le catholicisme avoit-il jamais établi les moindres libertés de ce peuple ? Au contraire, c’étoit un nouveau joug ultramontain & honteux, ajouté à tant d’autres. Le peuple ne songea ni au pacte social, ni à ses privileges, ni à ses franchises.