Page:Mercier - Le Nouveau Paris, 1900.djvu/132

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taient, en gémissant, les heures qu’ils perdaient sans travailler.

Le renchérissement subit et excessif de la main-d’œuvre fut le fruit de loi homicide du maximum. L’exécrable Commune avait basé sur cette loi son plan de famine universel ; mais pour mieux masquer son projet aux yeux du peuple incrédule, elle fit, au moment de sa publication, placarder une affiche par laquelle tout marchand boucher ou épicier qui renoncerait à son commerce, serait réputé suspect et arrêté comme tel.

Cette loi féroce aggrava le mal : tout disparut, et les marchands pour s’indemniser de leurs pertes, et surtout des pillages de beurre, de sucre, de café, et des confiscations arbitraires des Commissaires aux accaparements, firent colporter en cachette leurs marchandises dans les maisons des particuliers, qui les achetèrent à tout prix.

Telle fut, en 1794, la situation en denrées de cette ville populeuse régnaient jadis la paix et l’abondance, qui font chérir la patrie.

L’année 1795 ne fut pas plus heureuse que la précédente. On vit dès le commencement de l’automne s’établir, à chaque coin de rue, des Mercandières qui commencèrent par vendre la livre de viande 25 sols, et qui au mois de Ventôse, en demandaient 3 livres 10 sols ; encore eurent-elles le soin de la dégraisser pour faire du suif.

Des préposés de l’ancienne commission ont donné naissance à cet odieux commerce. Au moyen du droit de réquisition et dépréhension dont ils étaient investis, ils achetaient de la viande au prix du maximum, puis la revendaient aux détaillants, à un prix exorbitant.

Le même brigandage s’est observé depuis sur les autres denrées, ce qui, joint à l’agiotage de l’argent, des montres et autres bijoux d’or par les courtiers[1], sur le Carreau même

  1. Grand nombre de ces honnêtes Sans-culottes furent arrêtés pour avoir vendu des montres de cuivre doré qu’ils négociaient comme de l’or pur.
    (Note de Mercier.)