Page:Mercier - Le Nouveau Paris, 1900.djvu/197

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criant : vivent les sans-culottes ! vive le bonnet rouge ! Ce fut à la suite de ces vociférations que le parti montagnard décréta que tous les députés arrêtés seraient transférés dans une maison nationale. Ils n’en sortirent que pour aller à la mort.

On vit un membre du conseil général révolutionnaire coucher avec le bonnet rouge, et insulter à qui ne le portait pas ; il se nommait Jacques Roux, prêtre, apostat, qui se chargea de conduire Louis XVI au supplice, à la place du bourreau, qui se contenta d’attendre sa victime à l’échafaud[1]. Il était encore plus féroce et plus incendiaire que ses collègues, tellement qu’il les effrayait eux-mêmes. Il déshonora le bonnet rouge ; peu à peu les plus forcenés rougirent de cet emblème ; il ne disparut point entièrement, mais on le mit aux trois couleurs.


PRÊTRES RÉFRACTAIRES



Cette épithète renferme un double sens : elle annonce une résistance et une révolte : elle signifie un disciple indocile, et un citoyen rebelle. Elle est empruntée des arts. On nomme réfractaire, le sable, ou l’argile, ou le minerai, qui, non seulement ne se lie pas avec les autres matériaux, mais qui les empêche de se lier entr’eux, et qui dissout tout l’ouvrage.

On a prétendu que les prêtres appelés constitutionnels ont fait plus de mal à la révolution, que les réfractaires. « Ceux-ci, dit un de nos écrivains, n’avaient que des idées liberticides, mais ils avaient au moins la franchise du crime. Ils ne pouvaient tromper personne ; et l’imprudence de leurs prétentions suffisait pour les couvrir d’opprobre, et attirer sur leur tête la haine publique. Quand on

  1. Jacques Roux, surnommé le Prédicateur des Sans-Culottes, condamné par le tribunal révolutionnaire, se poignarda dans la prison de Bicêtre.