David s’était écrié à l’Assemblée de la section du Louvre : qu’on pouvait tirer à mitraille sur les artistes sans craindre de tuer un seul patriote. Il voulait boire la ciguë avec Robespierre parce qu’il avait fait un mauvais tableau de la mort de Socrate. Ses extravagances n’en furent pas moins homicides ; et j’avoue que le nom de David marié à la peinture, me fait voir dans celle-ci ce règne de terreur qu’on dirait qu’elle s’est plue à consacrer dans tous ces tableaux où l’on ne voit que martyres, décollations, chevalets, fournaises ardentes, en face de ces anciens décemvirs que David n’a que trop imités dans ces jours de crimes.
RIBIÉ, DIRECTEUR
uccesseur de Nicolet, qui, sur ses tréteaux donne
toutes ces pantomimes où figurent les moines qu’on
ne voit plus en France, les nonnes ensanglantées, les pénitents
noirs, tous les frocs, tous les cordons et les sandales de
l’antique moinaille : il est homme à nous mettre sur son
théâtre toutes les farces religieuses ; et j’ai entendu dire
qu’on y allait bientôt jouer la messe. Les avis sont déjà
partagés et les paris ouverts ; on va même jusqu’à dire
que tel gros vicaire qui demande l’aumône, représentera
comme ci-devant le rôle à merveille, qu’il sucera le calice
avec une délectation qui sera saisie de tous les spectateurs,
d’autant qu’il y a longtemps qu’il n’a goûté de vin. On
se disputera le rôle de célébrant, vu que les burettes seront
très larges, et qu’il y aura un épais gâteau pour hostie.
La ressemblance, dit-on, sera effrayante, et telle que les
dévotes croiront plutôt voir Satan, que de croire à l’identité.
Tout à côté de la petite messe, on dira la grande :
celle-ci aura un calice qui tiendra deux pintes ; l’autre
n’aura qu’un coquetier.
Les frais de cette pantomime ne seront pas coûteux ; y a des chasubles, des chapes, des surplis, des étoles, des