Page:Mercier - Le Nouveau Paris, 1900.djvu/229

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Quel bruit se fait entendre ? Quelle est cette femme que les applaudissements précèdent ? Approchons, voyons. La foule se presse autour d’elle. Est-elle nue ? Je doute. Approchons de plus près ; ceci mérite mes crayons : je vois. Son léger pantalon, comparable à la fameuse culotte de peau de Monseigneur le Comte d’Artois, que quatre grands laquais soulevaient en l’air pour le faire tomber dans le vêtement, de manière qu’il ne formât aucun pli ; lequel, ainsi emboîté tout le jour, il fallait déculotter le soir, en le soulevant de la même manière et encore avec plus d’efforts ; le pantalon féminin, dis-je, très serré, quoique de soie, surpasse peut-être encore la fameuse culotte par sa collure parfaite ; il est garni d’espèces de bracelets. Le justaucorps est échancré savamment, et sous une gaze artistement peinte, palpitent les réservoirs de la maternité. Une chemise de linon clair laisse apercevoir et les jambes et les cuisses qui sont embrassées par des cercles en or et diamantés. Une cohue de jeunes gens l’environne avec le langage d’une joie dissolue : la jeune effrontée semble ne rien entendre. Encore une hardiesse de merveilleuse, et l’on pourrait contempler parmi nous les antiques danses des filles de Laconie : il reste si peu à faire tomber que je ne sais si la pudeur véritable ne gagnerait pas à l’enlèvement du voile transparent. Le pantalon couleur de chair, strictement appliqué sur la peau, irrite l’imagination et ne laisse voir qu’en beau les formes et les appas les plus clandestins : et voilà les jours qui succèdent à ceux de Robespierre !

Il en résulte néanmoins que toutes les femmes paraissent avoir absolument la même peau, ainsi qu’elles exposent au coup d’œil les mêmes chevelures blondes. Eh ! malheureux ! je n’idolâtre, moi, que les cheveux qui sont bruns ou noirs. Je sais cependant que sous cette décoration blonde… Oh ! quand viendra la mode de la peau brune ou demi-brune ? car je suis pour les beautés plus ou moins africaines.

Mais quittons ces grands bals ; le fifre et le tambourin