Page:Mercier - Le Nouveau Paris, 1900.djvu/26

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le traité de Pilnitz, le ministère britannique a voulu que la mort de Louis XVI fût le signal du déchirement et du démembrement de la France continentale et de ses colonies. Il en fut tout autrement. Ce fut l’échafaud dressé qui écarta à jamais le trône et qui rendit tous les Français comme solidaires de la sentence qui avait été prononcée ; audace, justice ou cruauté, la nation entière fut liée dès cet instant à une république. Ce fut la haine, l’animosité du cabinet britannique ; ce fut l’accueil qu’il accorda à tous les rebelles et aux traîtres déchaînés contre leur patrie ; ce furent les guinées, qui, en alimentant successivement toutes les factions, leur donnèrent cette force et cette énergie qui finirent par aboutir à un seul point, la destruction de toutes les formes monarchiques, le renversement de ce qui avait été.

C’est en voulant détruire sans ressource le crédit et la dernière espérance des républicains, que Pitt a ébranlé la banque anglaise ; son or est chez nous.

Pitt a ouvert la bouche d’un Mallet du Pan[1] et d’un Rivarol[2], il en est sorti les imputations les plus absurdes, les calomnies les plus risiblement audacieuses, les raisonnements les plus faux et les plus contradictoires.

La Révolution aurait pu s’arrêter le 18 juillet, après que Louis XVI eut pris et baisé la cocarde nationale sur le balcon de l’hôtel de ville ; mais Pitt et ses complices avaient besoin de toutes les horreurs délirantes dont la France a été le théâtre. Il fit recommencer la Révolution ; il paya tous les hommes pervers qui tenaient le sabre ou la plume ; il envoya de tous côtés ses émissaires, il commanda à Paris la journée du 10 mars, du 31 mai, du 3 octobre 1793. Cette dernière surtout lui fut chère en ce qu’elle décidait la perte des plus zélés et des plus purs républicains, des Girondins ; en ce qu’elle menaçait la tête de 73 représentants

  1. Mallet du Pan ou Mallet-Dupan ; Genévois, était directeur du Mercure historique et politique de Genève qui fut réuni au Mercure de France.
  2. Rivarol collabora avec Peltier à la publication de l’Acte des Apôtres, pamphlet politique du plus mauvais goût.