Page:Mercier - Le Nouveau Paris, 1900.djvu/274

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l’outrage, que leurs ennemis à le commettre, on ne doute pas que Paris ne fût devenu une Vendée royale ; on ne voulait que cela : mais, inébranlables dans leur devoir, ces braves militaires, n’ayant point l’ordre de tirer, ne tirèrent point ; ils s’arrêtèrent immobiles la baïonnette en avant. Ce fut alors que la lâcheté des scélérats parut dans tout son jour : n’ayant pu réussir à faire égorger cette patrouille intrépide, ils se répandirent dans la ville, criant que la Convention faisait tirer sur le peuple : aux armes ! aux armes ! les rues ne retentissaient que de ces mots : aux armes ! à bas la Convention ! vivent les sections !

Ligueurs imbéciles ! vous n’aviez pas compté sur tant de fermeté de la part des habitants de cette ville ; vous aviez cru, dans la haute présomption de vos projets ambitieux, que tout Paris s’ébranlerait à vos cris, marcherait à vos ordres, et sacrifierait à vos plaisirs, liberté, propriétés, repos, espérance, tout, jusqu’à la vie. C’est en vain que vous publiez que la Convention fait tirer sur le peuple : le peuple, tant de fois trompé par vos manœuvres royales, veut voir, veut entendre avant que d’agir.

Cette temporisation funeste vous a perdus ; tout cet échafaudage de crimes et de folies s’est écroulé sous le poids de la vérité.

À onze heures, tout avait disparu. Que faisait la Convention pendant que ces pygmées s’agitaient autour d’elle ? Elle était assemblée depuis huit heures, mais sans délibérer. À dix heures et demie, les comités de gouvernement entrèrent dans la salle. De cette séance, l’une des plus mémorables de la Convention, semblaient dépendre les destinées de la France : tous les esprits, las de cette guerre scandaleuse entre la Convention nationale et une petite fraction de la nation, demandaient des mesures vigoureuses et persévérantes ; tous les cœurs étaient animés du même sentiment, celui de mourir plutôt que de céder, étaient réunis sous les mêmes drapeaux, ceux de la République.