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LAZZIS



Lors de l’installation du Directoire exécutif, les royalistes, perdant tout espoir, exercèrent leurs petites vengeances en écrivant en traits malins ou injurieux, jusque sur les guérites des sentinelles, qui ne sont pas des Argus. On lisait, non loin du palais directorial, ces mots avidement recueillis par l’ignorante multitude : Manufacture de cire à frotter. On répétait cet autre dicton, adapté aux circonstances de pénurie où nous nous trouvions alors : Nous ne pouvons pas continuer la guerre avec cinq cartouches ; celui-ci encore : Les Anglais ne se dé-pitt-eront que quand les Français seront dé-barras-sés.

Cette petite guerre de lazzis acérés fut aussi courte que frivole. Le Directoire prit son aplomb, dédaigna les épigrammes, et marcha avec fermeté à son but. Après toutes les secousses, le découragement, l’abattement, le discrédit, les craintes des bons citoyens, après l’audace des émigrés et des ennemis connus de la révolution, et les menées des prêtres insermentés et réfractaires, il rétablit l’ordre et le repos. Il fut grand, il fut ferme, il fut modéré ; tous les esprits sensés se sont attachés à lui comme à un régulateur majestueux. Son éloge est dans la surprise et l’épouvante, des cabinets étrangers.


FÊTE DU 10 THERMIDOR, AN IV



Si le nombre et l’éclat des voitures, si la réunion des femmes les plus élégantes, des jeunes gens les plus merveilleux, et des chevaux les plus fringants ; si une foule de spectateurs formant une longue procession de