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d’effets enlevés aux Tuileries et chez les personnes arrêtées, telles que Laporte[1], ainsi que beaucoup d’autres qui avaient abandonné leurs maisons et leurs richesses à l’époque des visites domiciliaires, qui ont précédé les massacres.

Les magasins des dépôts étaient les salles mêmes des bureaux du comité de surveillance, c’était notoirement dans ce bureau où étaient déposés les malles, boîtes, cartons, etc., etc. Il y avait en outre dans cette salle une ou deux grandes armoires qui étaient remplies d’objets peu dignes de l’attention des hommes de proie, tels que pistolets, sabres, fusils, cannes à sabres, etc.

Ce fut dans cette caverne que furent préparés les massacres de Septembre, ce fut dans cet abominable repaire que fut prononcé l’arrêt de mort de huit mille Français, détenus la plupart sans aucun motif légitime, sans dénonciation, sans aucune trace de délit, uniquement par la volonté et l’arbitraire des voleurs du comité de surveillance.

Quelques jours avant les massacres, des membres du comité, effrayés de cette violation des principes, touchés du spectacle affreux d’une multitude de citoyens enfermés à la Mairie, qui réclamaient contre leur arrestation, et demandaient à grands cris qu’on leur en fît connaître les motifs, ces commissaires, dis-je, voulurent consacrer le jour et la nuit à les interroger, pour remettre en liberté ceux qui étaient détenus sans grief, et envoyer en prison ceux qui étaient dans le cas d’être traduits devant les tribunaux.

Le 2 septembre, on apprend que la ville de Verdun est prise par les Prussiens qui, ajoutent les colporteurs de cette nouvelle, s’y sont introduits, par la trahison des Verdunois, après une résistance simulée de leur part ; aussitôt on tire le canon d’alarme, la générale bat et le tocsin sonne. Des municipaux à cheval courent sur les places publiques, confirment cette nouvelle, font des proclamations, pour exciter les citoyens à marcher contre l’ennemi.

  1. Ministre de Louis XVI. Fut guillotiné en 1792.