Page:Mercier - Le Nouveau Paris, 1900.djvu/80

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comme par le passé, et mieux que par le passé, car ceux qui le lisent n’en font plus le semblant.

Les Bréviaires, les Missels vont dans les départements et en Allemagne : tandis que nos romans abominables, et dont l’Espagne n’avait jamais entendu parler, y passent : ainsi vingt années suffisent quelquefois pour changer entièrement la face d’un empire ; si les Espagnols lisent nos livres, tant bons que mauvais, ils seront nos imitateurs et nos émules.

Que d’événements se sont succédés depuis 1789, jusqu’en 1797, inconnus, inobservés, inouïs, malgré tant d’écrits ; quel spectacle dérobé à l’histoire ; que d’idées nouvelles sur l’extravagance et la perversité de l’homme !


PROCÈS DE LOUIS XVI



Une nation entière trop confiante a été trahie par son chef. Louis XVI, dédaignant d’être roi d’un peuple libre, s’est couvert d’une dissimulation profonde afin de se ressaisir du sceptre despotique, pour terrasser d’un seul coup la moitié du peuple, et paralyser l’autre. Il s’est environné de conspirateurs ; il a écouté de préférence, et comme par instinct, des conseillers pervers, et a malicieusement écarté tous les bons.

« Il n’a pas rougi, au champ de la fédération, de rendre témoin de son parjure tout le peuple Français rassemblé ; il n’a pas craint d’appeler en même temps l’étranger sur notre territoire pour étouffer la liberté naissante.

« Furieux de n’avoir pu incendier Paris en 1789, obstiné dans son ressentiment profond, il médita depuis tous les plans, tous les projets de sang capables de l’assouvir ; et lorsque son peuple, convaincu de sa perfidie, oubliait généreusement ce forfait abominable, le monstre couronné