Page:Mercier - Le Nouveau Paris, 1900.djvu/81

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calculait avec le sang-froid d’une âme astucieusement concentrée, les mesures les plus efficaces pour l’égorger.

« Tombé dans ses propres pièges, et voyant arriver le jour de la justice, il veut interpréter en sa faveur quelques mots d’une constitution qu’il a déchirée : il veut nous dire que, dans le pacte social, nous lui avions permis d’assassiner la nation, et qu’il avait le droit d’armer des satellites étrangers, sans qu’on pût en rendre responsable sa tête couronnée. Ce genre de défense est un nouveau délit, un outrage fait à la raison humaine. Lorsqu’il n’y avait pas encore de lois contre les enfants parricides, parce que le législateur n’avait pas conçu la possibilité d’un tel crime, les enfants qui avaient tué leur père devaient-ils être renvoyés absous ? Pouvait-on supposer dans le texte de la constitution, un roi conspirateur, incendiaire, assassin, parricide ?

« Il paraît donc bien étrange qu’on veuille juger Louis XVI ou par la constitution qui n’existe plus, ou par le code pénal. Ses crimes sont notoires. Les frontières ont été inondées de sang ; le sang des Parisiens et des Marseillais a baigné les murs de ce château infernal, d’où le démon du despotisme a vomi mille morts.

« Les lois politiques seules doivent punir ses crimes d’une nature extraordinaire et dans une crise extraordinaire. Tout ici est nouveau, terrible, nécessaire. C’est le procès d’une nation outragée et d’un roi coupable.

« Les lois politiques qui appartiennent aux grandes sociétés et qui les modifient incessamment, ne sont plus celles du droit naturel ni du droit civil : elles veillent à la conservation du tout ; et n’ayant point d’autre but, elles ne sont point soumises à tous ces mots équivoques au moyen desquels, on soutient également le pour et le contre.

« Ce sont les lois politiques qui ordonnent la guerre, qui font brûler la maison où serait enfermé le germe de la peste, qui protègent l’écu du millionnaire contre la main du nécessiteux qui le convoite ; qui après la mort d’un homme, ordonnent la mort d’un autre. Ces lois politiques par leur