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des mots ; il ne dira que ces paroles : j’adopte, je rejette, car telle est ma volonté.

Puisque vos règles ont fait tant d’avortons, tant d’hommes médiocres, que craignez-vous, lorsque vous supprimerez vos règles ? elles sont la plupart si arbitraires ! elles ont pour unique fondement l’imagination la plus capricieuse. En voulant symétriser nos créations hardies, c’est la source de toutes nos lumières qu’elles essaient de tarir.

On parle de l’importance d’un bon Dictionnaire : la première chose serait de ne pas le confier à une race d’étouffeurs qui se mettent à genoux devant quatre ou cinq hommes du siècle de Louis XIV[1], pour se dispenser, je crois, de connaître et d’étudier tous les autres, et qui, criblés des plus misérables préjugés, fermant le petit temple de leur idolâtrique admiration, ne savent pas qu’il n’y a point de perfection fixe dans les langues.

Les plus belles langues qui aient été connues dans le monde, c’est d’abord le hasard

  1. Il serait facile de prouver qu’il y avait plus de génie en France dans le seizième siècle, que du temps de Louis-le-Grand ; mais dites à nos beaux esprits de lire du vieux gaulois !