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qui les a produites, et l’art ensuite qui les perfectionnées. Quelque parfaite que soit une langue, elle n’a pas d’autre origine que la plus barbare. Elle ne diffère que par l’abondance des mots, la variété des tours et la netteté de l’expression. Le Français qu’on parlera dans deux cents ans, sera peut-être plus différent de celui qu’on parle aujourd’hui, qu’il ne l’est de celui qu’on parlait il y a deux cents ans. Point de langue si barbare qui ne puisse acquérir la perfection de la langue grecque ou latine ; il ne faut que le temps, le nombre et le génie des hommes qui la parleront, qui l’écriront, et qui s’appliqueront sur-tout à la perfectionner.

Plus d’un peuple a trouvé par lui-même l’invention de l’écriture par des signes et caractères dont on ne s’était jamais avisé avant lui. C’est ainsi que tout peuple à naître se fera une langue qui n’a jamais été, et qui ne laissera pas que d’exprimer d’une manière nouvelle, les mêmes choses que nous.

Quand j’intitule cet ouvrage Néologie, qu’on ne l’appelle donc pas Dictionnaire Néologique[1] ! Néologie se prend toujours en

  1. L’abbé Desfontaines a publié, sous ce titre,