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bonne part, et Néologisme en mauvaise ; il y a entre ces deux mot, la même différence qu’entre religion et fanatisme, philosophie et philosophisme. Tous les mots que j’ai ressuscités, appartiennent au génie de la langue française, ou par étymologie, ou par analogie ; ces mots viennent de boutures, et sont sortis de l’arbre ou de la forêt, pour former autour d’elle des tiges nouvelles, mais ressemblantes ; ainsi je me fais gloire d’être Néologue et non Néologiste : c’est ici que l’on a besoin, plus qu’ailleurs, de nuances assez fortes, si l’on ne veut pas être injuste. Au reste, les ennemis injustes font du bien, disait Montesquieu.

Il en est d’une langue comme d’un fleuve que rien n’arrête, qui s’accroît dans son cours, et qui devient plus large et plus majestueux, à mesure qu’il s’éloigne de sa source. Mais plus un despotisme est ridicule, plus il affecte de la gravité et de la sagesse. Et qui ne

    une critique de la Néologie de son temps. Qu’est-il arrivé ? c’est que la presque-totalité des expressions qu’il a blâmées, se sont naturalisées parmi nous. Il semble avoir donné le signal de leur adoption, en croyant déterminer leur réprobation éternelle. Exemple insigne de la gaucherie de nos feuillistes !