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que lui donne une expression qui le frappe, un tour original, un trait inattendu ; notre imagination aime qu’on lui parle d’une manière neuve, parce qu’elle est douée elle-même d’une grande vivacité pour tout ce qui porte ce caractère. Or on peut être audacieux dans l’expression, tout en révérant la langue. La Néologie peut se marier à la plus grande clarté. Vous ne pouvez m’empêcher de sentir ; pourquoi voulez-vous m’empêcher de m’exprimer ? Quand vous aurez senti dans votre ame toutes les délices que la méditation y verse, vous aurez alors quelqu’idée de la langue neuve et rapide qui peut-être est encore à créer. Laissez-moi libre ; mes idées ne tariront point.

Nous avons trop redouté un commerce étroit avec les langues étrangères ; notre langue serait devenue plus forte, plus harmonieuse, si, à l’exemple des Anglais et des Allemands, nous eussions su nous enrichir d’une foule de mots, qui étaient à notre bienséance. Il est encore indécis si nous n’avons pas perdu à ne pas adopter entièrement la langue d’Amyot et de Montaigne. La langue d’Amyot et de Montaigne était un heureux composé du grec et du