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latin. On a manqué, selon moi, l’époque d’une grande et belle fusion, ce que je développerai ailleurs.

Tous les grands écrivains ont été Néologues, et je puis dire qu’il n’y a point d’écrivain qui ne soit tombé plus ou moins dans la Néologie : miratur orbis se esse arianum[1]. L’instinct fait créer des mots

  1. Le besoin fait les mots, le goût les sanctionne ; mais ce n’est point ce goût étroit, futile et passager qui rétrécit tous les objets ; c’est toujours le défaut d’imagination et l’absence des grandes idées qui se servent de cette expression banale pour voiler leur insuffisance. Ce mot mystérieux, jamais défini, est devenu familier à des hommes sans talent, qui, n’osant décrier tout-à-fait cette imagination qui agrandit la nature, toujours méconnaissable aux examinateurs froids et rigides, se retranchent dans un cercle étroit, comme ces animaux timides qui gagnent leurs terriers dès qu’ils entendent un son inaccoutumé.

    Ces prétendus hommes de goût, soumis à des préjugés qui sont comme une seconde ignorance entée sur leur ignorance naturelle, savent-ils que les fautes d’un homme de génie pourraient devenir les qualités de tel académicien ?

    Songeons que toutes ces magnifiques expressions, aujourd’hui admises dans notre langue, ont été mal accueillies dans leur origine ; qu’il y a des milliers de