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Page:Mercier - Néologie, 1801, tome I.djvu/78

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Le scepticisme est désolant en morale et en politique, mais il est très-utile en littérature ; il fait jouer toutes les clartés en tournant le prisme des couleurs qui colore l’horizon et agrandit la scène ; il rétablit cette espèce d’égalité qui sur-tout, en fait d’esprit, est la grande loi de la nature ; l’orgueil académique s’en affligera, mais tous les autres individus y gagneront.

Le sceptique lit le roman de l’Iliade comme il lit un roman anglais ; il éteint tous les noms, il marie les ouvrages séparés par de longs intervalles ; il remarque les plus vives étincelles dans le temps même de ces catastrophes qui répandent la nuit épaisse de la barbarie. Par-tout il poursuit la lumière, il la rencontre par-tout ; et les lettres n’ont plus, comme on se plaît à le dire, des siècles privilégiés.

Que devient la trompette adulatrice des louanges désordonnées devant le sceptique ? Que devient le dénigrement absurde de l’envie liliputienne ? Quelle pitié, en effet, de voir le petit homme accabler le nain, et le nain écraser un ciron ! Toutes ces feuilles périodiques qui distribuent d’un côté de grands éloges, et de l’autre de grosses in-