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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/107

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leurs honoraires ; & comme les morts n’ont jamais intenté procès aux médecins, non plus que les héritiers, ils continuent à tracer leur aveugle ordonnance, & à distribuer les vieux poisons de la pharmacie.

Quand viendra l’homme généreux & éclairé, qui renversera les temples du vieil Esculape, qui brisera la lancette dangereuse du chirurgien, qui fermera la boutique des apothicaires, qui détruira cette médecine conjecturale, escortée de drogues, de jeûnes, de diettes ? Quel ami des hommes annoncera enfin une nouvelle médecine, puisque l’ancienne tue & dépeuple ?

Le refrain des médecins est de crier au charlatan, à l’empirique, dès qu’on n’est pas de leur corps ; mais la thériaque, l’émétique, le quinquina, la plupart des spécifiques & l’inoculation doivent leur origine à l’empirisme. Je ne le crois pas au fond plus dangereux que la médecine actuelle, avec ses formules & ses theses.