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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/106

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il pas d’avoir mis l’ordonnance dans une main & le remede dans une autre ? Ce procédé n’annonce-t-il pas une marche aveugle, & cette séparation n’est-elle pas sujette aux plus terribles inconvéniens ?

Les miracles modernes de la chymie, qui marche de découvertes en découvertes, ne doivent-ils pas arrêter le médecin qui ordonne une potion composée de sept à huit sortes d’ingrédiens ? S’il n’est pas le plus insensible & tout-à-la-fois le plus audacieux des hommes, ne doit-il pas connoître, avant tout, les élémens chymiques du remede qu’il administre ? Quoi, parce que la terre ensevelit ses fautes, il se croira quitte envers la société & envers sa conscience ! Faisant le meilleur, le plus lucratif & le plus commode de tous les métiers, les médecins ont décidé, & pour cause, que qui ne portoit pas l’habit fourré, la robe scolastique, seroit inhabile à faire aucune découverte, & qu’on la lui contesteroit per fas & nefas. Ainsi ils immolent l’humanité entiere aux vils intérêts de