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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/131

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trouve à bas prix les anciens ouvrages & les plus curieux. Les bibliotheques les plus précieuses n’ont point eu d’autre fondement que le zele assidu & opiniâtre des bouquinistes.

Au décès de tel homme ignoré, se rencontre quelquefois le livre qu’on cherchoit depuis plusieurs années ; mais les libraires matineux ont si bien fait depuis quelque tems, qu’ils ont enlevé aux bouquinistes de profession toutes les découvertes que ceux-ci pouvoient faire ; il n’y a plus rien à glaner après eux. Les livres rares sont devenus introuvables ; ce n’est que par le plus grand coup du hasard, que l’on peut tromper la vigilance des argus modernes de la librairie ; & puis la science des livres est devenue assez commune : les petits vendeurs en savent assez pour faire la séparation avant de les crier à quatre sols, comme ils faisoient il y a vingt-cinq ans.

La bibliotheque du roi a peu de livres rares, en comparaison de quelques bibliothèques particulieres, qui, chacune dans