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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/133

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comme l’Esprit des loix, ou l’Émile ; & quand un ouvrage supérieur vient à paroître, ils ne savent pas le lire, ou ils lui font la guerre.

L’humeur & l’envie rétrogradent dans les tems passés, & amenent les trésors de tous les siecles pour objet de comparaison avec la brochure nouvelle. Le mérite qui s’y trouve n’est jamais senti le premier jour ; on a plutôt fait de se livrer à une petite déclamation satirique, que de peser exactement la somme des idées renfermées dans le livre nouveau. On commence par le dédaigner, mauvaise disposition pour le bien juger. L’habitude de ne louer que les talens qui ne sont plus, s’accorde trop avec la paresse pour qu’elle y renonce.

On ne lit presque point à Paris un ouvrage qui a plus de deux volumes. Jugez de celui qui en fait douze de six cents pages pour prouver la religion chrétienne ! Un si long plaidoyer est plus assommant que convaincant.

Nos bons aïeux lisoient des romans en