des Rousseau, la multitude ne pourroit être éclairée. Ces livres sont trop substantiels, il lui faut une nourriture plus légere & plus détaillée. Ôtez les livres médiocres, & l’on ne saura bientôt plus lire ni distinguer les bons. Les lettres fictives du pape Ganganelli ont eu un succès prodigieux. Toutes les idées qu’elles renferment sont communes ; mais ces idées sont bonnes, claires, facilement exprimées. La multitude a été enchantée de l’ouvrage & a dû l’être. C’est toujours un échelon de monté ; & d’après ce succès, que les sots journalistes n’ont pas assez remarqué, il sera plus facile de la conduire à quelque ouvrage relevé.
Les romans que les gens de lettres, qui font les superbes, jugent frivoles, & qu’ils ne savent point faire[1], sont plus utiles
- ↑ Je connois vingt hommes de lettres, ayant une espece de nom, qui sont incapables de faire un roman médiocre. L’imagination qui invente des événemens & des caracteres leur manque absolument.