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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/149

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faux. La finesse d’un sens doit seule apporter un nombre infini de connoissances. Un amateur de la peinture voit la nature tout autrement qu’un homme qui ne sait rien voir dans un tableau. Une tête harmonique prête l’oreille au bruit lointain des cloches, & saisit les nuances qui nous échappent. Il y a des hommes qui ont un tact particulier, qui leur révele une multitude d’idées, & qui ont peine à communiquer avec les autres hommes ; parce qu’ils sentent d’une maniere si détaillée, qu’on ne peut les suivre. Deux hommes enfin peuvent avoir autant d’esprit l’un que l’autre, & par la différence de leurs études, ou plutôt de leurs perceptions, ne point s’entendre.

C’est ce qui se voit à Paris. Le musicien, le géometre, le poëte, le peintre, le moraliste, le statuaire, le chymiste, le politique, également hommes de génie, ne peuvent guere communiquer ensemble. Aussi portent-ils les uns des autres des jugemens ordinairement faux, parce qu’ils sont dans l’impossi-