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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/170

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Le bourgeois tombe malade, pense à son cher abbé qu’il ne peut plus entendre dans l’allée des Carmes, & qui lui avoit infailliblement prédit la destruction prochaine de l’Angleterre, au moyen de trente mille hommes. Pour lui marquer sa tendre reconnoissance (car ce bon bourgeois haïssoit les Anglois sans savoir pourquoi), il lui laissa un legs, & mit sur son testament : je laisse à M. l’abbé Trente-mille-hommes douze cents livres de rente. Je ne le connais pas sous un autre nom ; mais c’est un bon citoyen, qui m’a certifié au Luxembourg que les Anglois, ce peuple féroce qui détrône ses souverains, seroient bientôt détruits.

Sur la déposition de plusieurs témoins qui attesterent que tel étoit le surnom de l’abbé, qu’il fréquentoit le Luxembourg depuis un tems immémorial, & qu’il s’étoit montré fidele antagoniste de ces fiers républicains, le legs lui fut délivré.

S’il étoit possible d’imprimer tout ce qui se dit dans Paris, dans le cours d’un seul