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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/184

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de pareils faits, en les narrant avec orgueil, dans une sorte de mystification assez plaisante, puisqu’ils ont cru que ces mensonges devoient leur faire beaucoup d’honneur, & constater leur renommée ?

On les a vus y mettre une prétention risible, se disputer entr’eux à qui avoit le mieux trompé ce malheureux poëte, leur confrere ; comme si c’étoit là une preuve réelle de supériorité.

J’ai donc vu mystifier un de ces mystificateurs, qui mettoit dans son récit la plus grande emphase : & je m’en suis réjoui.

Des railleurs plus fins & plus agréables imaginerent un singulier complot, mais qui n’avoit rien d’outré ni de cruel : c’étoit de faire accroire à Crébillon fils qu’il avoit perdu cet esprit facile, léger, délicat, bonnement caustique (dans un juste degré), qui le distinguoit avantageusement & le rendoit si aimable dans les sociétés. Plus on a de cet esprit, moins on y croit. Crébillon fils, dans un souper, voyant tous ses amis hausser les