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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/189

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La peinture arabesque a repris faveur après des siecles d’oubli. C’est un genre de décoration agréable, mais coûteux. Qu’a-t-on fait ? On a trouvé le secret de le mettre en papier, & le coup-d’œil sera pour les fortunes médiocres comme pour les riches. Les inventions de notre siecle tendent sur-tout à imiter parfaitement les couleurs du luxe ; on se contente de sa superficie ; on croit toucher aux richesses, quand on en a les dehors : preuve que leur plus grand mérite réside dans l’éclat. Aussi voyez qu’on peint le marbre où il n’est pas ; que du papier représente le velours & la soie ; qu’on bronze le plâtre ; qu’on dore les chenets ; & que, jusques sur nos tables, la figure brillante des fruits dédommage de leur absence au dessert. Il est même des plats en relief[1], auxquels il est convenu de ne pas toucher ; & ces mets

  1. On sait l’histoire du lapereau de bois, qu’un étranger à vue courte voulut absolument dépecer, malgré les sollicitudes plaintives de la maîtresse de la maison.