Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 17 )

CHAPITRE CVIII.

Milice.


On ne la tire plus à Paris, & l’on a fait sagement. C’eût été donner lieu à des émotions populaires ; mais dans les environs, à la seule distance d’une lieue, cette contrainte reprend tous ses droits.

Que penseroit le Spartiate, s’il revenoit au monde, en voyant un Parisiensis, le visage pâle, saisir d’une main tremblante le billet fatal qui l’envoie à la guerre ? Ne diroit-on pas qu’il tire au supplice ? Il aimera mieux sacrifier le peu d’argent qui lui reste, ce dernier gage de sa subsistance, que de s’exposer à porter les armes pour sa patrie.

Considérez la joie emportée de ceux qui sont dispensés de la servir ; les meres les serrent contre leur sein, en leur disant à haute voix, pour cette fois nous n’aurons pas à maudire le jour de notre enfantement ; Dieu