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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/18

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mir, le principe des états est ébranlé ; car la mollesse & la valeur ne se concilient que bien difficilement : j’entends une valeur soutenue.

Un jeune guerrier, échappé du sein des plaisirs, pourra se précipiter avec ardeur. L’impétuosité de son âge, l’effort qu’il fait pour s’arracher aux voluptés, tout lui imprimera un élan rapide ; mais c’est un moment de fougue qui doit se ralentir : je vois d’avance qu’il bravera plutôt la mort que la fatigue.

Mais ce n’est point le courage qui manque à ce jeune officier, c’est la force ; il sera bientôt moissonné. S’il ne s’agissoit que d’un jour de combat, je compterois sur lui ; mais comment soutiendra-t-il une campagne ? Son corps énervé aura-t-il l’habitude de l’exercice ? Les saisons, l’air, les boissons, les mets nouveaux, tout le rendra malade, infirme, impotent ; & le vieux grenadier à la peau endurcie, verra tous ces brillans officiers périr autour de lui comme un essaim de mouches.