Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 207 )

les voient méprisés, se moquent d’eux & les tourmentent.

Point de loisir ; ils n’ont ni congé, ni vacance ; ces jour-là sont pour eux des jours de fatigue ; ils menent les écoliers aux promenades, répondent de leurs bras & de leurs jambes, corrigent les devoirs de trois classes, ont à faire au maître de pension, aux professeurs du college, aux parens, n’exercent qu’en tremblant une équivoque autorité sur une foule d’espiegles, les surveillent le jour & la nuit, se levent avant eux, se couchent après, également coupables par l’indulgence & la fermeté, & menacés chaque jour d’être mis à la porte avec leur latin : les cuistres & les marmitons de la cuisine sont cent fois plus heureux.

Il faut avoir balancé quelque tems entre la riviere & ce triste emploi, pour avoir le courage d’embrasser ce dernier parti. Des hommes de mérite, connus aujourd’hui dans la république des lettres, ont néanmoins commencé par-là : tant l’infortune impérieuse contraint quelquefois le génie naissant !