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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/216

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ces mots, on dit, on fait, on pense, on s’habille ainsi.

Les modes sont une branche de commerce très étendue. Il n’est que le génie fécond des François, pour rajeunir d’une maniere neuve les choses les plus communes. Les nations voisines ont beau vouloir nous imiter ; la gloire de ce goût léger nous demeurera en propre. On ne songera pas même à nous disputer cette incontestable supériorité.

Ces amusemens de l’opulence enrichissent une foule d’ouvrieres ; mais ce qu’il y a de fâcheux, c’est que la petite bourgeoise veut imiter la marquise & la duchesse. Le pauvre mari est obligé de suer sang & eau pour satisfaire aux caprices de son épouse. Elle ne revient point d’une promenade sans avoir une fantaisie nouvelle. La femme du notaire étoit mise ainsi : on n’ira pas le lendemain souper en ville, si l’on ne peut étaler le même bonnet. Autant de pris sur la part des enfans ; & dans ce conflit de parures, la tête tourne réellement à nos femmes.