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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/24

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roient, ou disparoître volontairement, ou être arrêtés par la garde, & menés chez un commissaire.

Et pendant ce tems les enfans au logis crient après la nourriture qui leur manque, pleurent sous les fleches aiguës du froid qui gelent leurs petites mains. Le pere abruti est sourd à leur voix, emporte les meubles piece à piece, & les vend pour se replonger dans l’ivresse.

Hélas ! qui nombrera les maux que cause l’eau-de-vie ? Je lis que dans l’Amérique les hordes sauvages se fondent par ce breuvage ; que ces peuples nus ont une fureur égale à celle de la populace de Paris pour cette enivrante liqueur. Triste rapprochement, qui fait réfléchir sur les loix qui ont défendu toutes ces boissons violentes, dont l’homme abuse si facilement, & qui lui ôtent sa force & sa raison.