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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/300

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gieux tour de force. Quand l’opérateur se trouvera sous les yeux d’une nombreuse & respectable assemblée, qu’on ne brave point impunément, il y aura là-dessous quelque chose d’extraordinaire, & qui ne se devine point. Si ce charlatan eût dit à chacun en particulier : venez chez moi, je me mettrai tout entier dans une pinte, on lui auroit ri au nez : mais au moyen de l’affiche imprimée & collée, au moyen de l’assurance effrontée du prometteur, vu le concours du monde, l’argent des billets, la foule & la publicité, chacun se disoit secrétement : on ne sauroit se jouer à ce point d’un public respectable. Tel est le peuple ; il ne croit pas qu’on puisse le tromper en corps. L’idée de la fuite de l’homme emportant l’argent des curieux, & laissant la bouteille vuide sur la scene ne vint à personne. Les promesses hardies gagneront toujours le peuple, & sur-tout en finances. Que n’a-t-il pas prêté en France depuis cent ans ?

Depuis, un faiseur de miracles, sans y