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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/313

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mier mouvement : ne brûlons rien. Cessez de frémir, pesans érudits, bizarres bibliomanes, fastidieux compilateurs de faits inutiles : allez, gorgez-vous d’une science déplorable ; copiez les erreurs anciennes, composez-en un nouveau magasin : oubliez votre siecle pour celui de Sésostris. Votre pédanterie m’amuse, & le mépris suffit… Oh ! disons-nous quelquefois pour nous inspirer un salutaire retour sur nous-mêmes : l’homme a fait la guerre, & puis il a écrit tous ces gros livres ; & il refera la guerre sur quelques passages de ces énormes volumes.

Mais, comme un sot devient plus sot avec des livres, parce qu’il y croit ; un homme de génie, qui n’y croit pas, pourra de ces livres même faire jaillir une seule & grande vérité. Gardons-les donc pour lui, jusqu’à ce qu’il nous en démontre l’absolue inutilité. Point de flambeau destructeur ; la société n’est point dans le livre, elle est dans le lecteur… M’entendra qui voudra ; je ne veux pas ici être plus clair.