Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/323

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 321 )

du public ? Les gentilshommes de la chambre ont dit à l’art, tu n’avanceras point ; au public, vous aurez ce qu’on voudra bien vous donner ; aux auteurs, nous ferons de vous ce que nous jugerons à propos. Et l’art, & le public & les auteurs se sont vus sous le joug bizarre des gentilshommes de la chambre.

Comment & pourquoi ces seigneurs s’arrogent-ils cette étrange prérogative ? Comment fondent-ils des prétentions sur les ouvrages du génie ? Comment s’opposent-ils aux progrès d’un art qui intéresse tout-à-la-fois la dignité & les plaisirs de la nation ? Quel rapport y-a-t-il entre leurs charges & la création d’une piece de théatre ? De quel droit soumettroient ils un auteur à leur tribunal ? C’est ce que personne ne sait ; c’est ce qu’ils ne savent pas eux-mêmes. Mais, amoureux de ce singulier despotisme, ils l’exercent sans titre légal ; & comme il n’y a rien de petit dès que la passion s’en mêle, la régence des princes & princesses des coulisses & de tout ce qui a rapport aux planches