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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/326

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Enseigner la tierce, la quarte, la botte subtile & secrete, & vouloir qu’un habile tireur ne soit pas tenté d’appeller sur le pré un homme qu’il jugeroit inhabile à cette lavante escrime, c’est ne point connoître l’esprit bretailleur qu’on puise dans ces salles d’armes.

Il est dérivé d’abord de l’esprit des tournois ; il agita ensuite notre orgueilleuse noblesse, puis il est descendu chez les bourgeois ; il est relégué maintenant parmi les soldats aux Gardes. On croit devoir le conserver encore dans les garnisons. Cette fureur qui égaroit notre vaine nation, il n’y a pas un siecle, semble s’être concentrée là dans son dernier asyle.

La raison regarde ces maîtres en fait d’armes à peu près comme les anciens gladiateurs. Je ne sais à quoi servent tous ces manieurs de fleurets dans un état policé, où la force & la violence sont interdites à chaque particulier, où il n’a pas le droit de se faire justice lui-même. C’est une école dangereuse à celui-là même qui se confie