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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/330

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sont aux prises avec des fourbes, qu’il faut voir des physionomies défigurées par toutes les passions honteuses, la rage, le remord, la joie féroce ; on a raison d’appeller ces salles un enfer. Ce vice se punit de lui-même ; mais il est comme indestructible dans les cœurs qu’il ravage.

On jouoit chez les ambassadeurs, c’étoient des maisons privilégiées ; on n’y joue plus. Depuis peu, une ordonnance nouvelle a mis quelque digue à cette fureur : mais elle a déjà repris son cours d’un autre côté, c’est un vice trop amalgamé aux vices politiques, pour qu’on puisse se flatter de l’extirper en laissant croître les autres.

Si l’or du moins ou l’argent, dans cette rapide circulation, en changeant de main, pouvoit tomber dans celle du pauvre ! Mais non, il remonte toujours vers le banquier de profession, le tailleur de pharaon ; & les ponteurs isolés perdent toujours ; parce que certains hommes riches qui font ligue, tiennent la main.