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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/331

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Si l’on créoit un jeu d’une égalité parfaite, il seroit toujours condamnable ; mais il cesseroit d’être un vol public.

Un tripot est accordé par protection à une femme de qualité pour rétablir sa fortune ; tous frais faits, elle recueille quatre cents livres par séance, compte avec ses valets, & partage avec ses protecteurs ; on use pour dix louis de cartes, la ferme s’en trouve bien, & l’on dit qu’il y a des choses qu’il faut tolérer. Les intéresses trouveroient un raisonnement contraire fort absurde. Bientôt on dira avec Mandeville que le commerce languiroit, que l’état s’appauvriroit, si les femmes s’avisoient d’être chastes, & les peres de famille économes.

Les tripots sont dangereux : mais considérons en même tems qu’un jeune homme qui voyage en France, ou qui entre dans le monde, & qui jouit de cinquante mille livres de rente, ne doit pas craindre d’abandonner certaine somme dans le cours d’une année à la fortune d’un jeu honnête ; cela dépend du