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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/337

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coup de tort aux honnêtes gens qui voyagent pour s’instruire ; il n’y a que les noms célebres qui fassent tomber toutes les barrieres & qui entrent par-tout. On offre aux autres quelques dîners, on leur rend quelques visites de cérémonie ; mais ils ne sont pas admis aux assemblées particulieres, où l’esprit aimable & le caractere original se développent en liberté.

L’étranger, qui sent qu’on le traite cérémonieusement, éprouve une sorte de gêne, & se jetera le lendemain dans les brelans, chez les traiteurs & chez les filles : c’est là qu’il s’amusera, qu’il jouira ; mais quand il retournera dans sa patrie, il ne sera pas au fait du ton qui regne dans les premieres classes. Il prendra le ton de la débauche pour le ton universel.

Les amusemens publics le dédommageront de l’espece de contrainte qu’il aura éprouvée ; ils sont nombreux. Il connoîtra donc très-bien l’histoire des spectacles, les anecdotes des filles de théatre, les nouvelles modes, les nouvelles du jour ; mais il ignorera tous les fils secrets qui font mouvoir les caracteres, les fortunes,