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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/85

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avant de mourir : Daquin fut au tombeau trois mois après.

Nous connoissons trois traits de la vie de ce grand artiste, qui paroissent fort extraordinaires & qui n’en sont pas moins vrais. Musicien né, il composa à huit ans un motet à grand chœur & symphonie. On fut obligé de le mettre sur une table pour en battre la mesure. Il y avoit foule ; & l’exécution finie, on pensa étouffer de caresses un enfant si rare.

À la messe de minuit de noël, Daquin imita si parfaitement sur l’orgue le chant du rossignol, sans que le couplet dans lequel il le faisoit entrer parût gêné en rien de cette addition, que l’extrême surprise fut universelle. Le trésorier de la paroisse envoya le Suisse & les bedauts à la découverte dans les voûtes & sur le faîte de l’église : point de rossignol ; c’étoit Daquin qui l’étoit.

Lorsqu’on rétablit l’orgue de Saint-Paul, le facteur ne laissa que le positif, c’est-à-dire un très-petit orgue pour toucher l’office.