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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/98

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agréable, parlant de toute autre chose que de la médecine, souriant, étendant une main blanche, jetant une dentelle avec symmétrie, pariant par saillies, & jaloux d’étaler au doigt un gros brillant.

S’il tâte le pouls, c’est avec une grace particuliere ; il trouve par-tout la santé ; il ne voit jamais de danger. Au lit d’un moribond, il a l’air de l’espérance ; il distribue des paroles consolantes, part, plaisante encore sur l’escalier ; & dans la nuit même, la mort emporte son malade.

Quand un médecin tue dix mercenaires par ignorance ou par indifférence, il ne s’en afflige pas ; mais si un homme en place meurt entre ses mains, il en devient inconsolable, & pendant quinze jours il a l’air de demander grace à tous ceux qu’il rencontre.

Passez-moi l’émétique, je vous passerai le séné, a dit le bon Moliere. Telle est encore de nos jours la politique des membres de la faculté.

Un certain nombre de médecins se sont