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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/114

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désordre des passions, a donné aux jeunes gens un ton libre, qu’ils prennent avec les femmes les plus honnêtes ; de sorte que dans ce siecle si poli, on est grossier en amour.

Nous sommes si éloignés de la galanterie ingénieuse de nos peres, que notre conversation avec les femmes que nous estimons le plus, est rarement délicate. Elle abonde en mauvaises plaisanteries, en équivoques & en narrations scandaleuses. Il seroit tems de corriger ce mauvais ton ; c’est aux femmes qu’il appartient d’établir la réforme, en ne permettant plus ces propos qu’elles ont été obligées de souffrir, sous peine de passer pour bégueules.

Les passions honteuses & publiques portent avec elles leur contre-poison, & ne sont pas peut-être si difficiles à réprimer que celles dont le déréglement paroît excusable ; en sorte que je croirois qu’une fille publique est plus près de devenir honnête femme, que la femme galante.