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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/115

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Mais le scandale des filles publiques est poussé trop loin dans la capitale. Il ne faudrait pas que le mépris des mœurs fût si visible, si affiché : il faudroit respecter davantage la pudeur & l’honnêteté publique.

Comment un pere de famille, pauvre & honnête, se flattera-t-il de conserver sa fille innocente & intacte dans l’âge des passions, lorsque celle-ci verra à sa porte une prostituée mise élégamment, attaquer les hommes, faire parade du vice, briller au sein de la débauche, & jouir, sous la protection des loix même, de sa licence effrénée ? Le retour qu’elle fera sur elle-même, lui dira qu’il n’y a aucun prix solide attaché à l’exercice de la vertu, & elle se lassera de se combattre elle-même. La raison ne pourra pas lui faire appercevoir distinctement les avantages qui résultent de la sagesse ; elle ne verra que l’exemple le plus dangereux des séducteurs, sur-tout pour son sexe.

Aussi n’est-il guere possible que l’imagination la plus hardie ajoûte à la licence des