Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 124 )

capitale dissolue. Cet ouvrage doit être salutaire, malgré ses peintures trop nues & trop expressives, parce qu’il n’est pas un pere en province, qui, d’après cette lecture, ne fixe constamment son fils auprès de lui : & c’est un très-grand mal que cette manie récente d’envoyer tous les enfans à Paris, où ils viennent se perdre & se corrompre.

Les villes du second & du troisieme ordre se dépeuplent insensiblement, & le gouffre immense de la capitale dévore non-seulement l’or des parens, mais encore l’honnêteté & la vertu native de leurs fils, qui paient cher leur imprudente curiosité.

Le silence absolu des littérateurs sur ce roman plein de vie & d’expression, & dont si peu d’entr’eux sont capables d’avoir conçu le plan & formé l’exécution, a bien droit de nous étonner & nous engage à déposer ici nos plaintes sur l’injustice ou l’insensibilité de la plupart des gens de lettres, qui n’admirent que de petites beautés froides & conventionnelles, & ne savent plus reconnoître ou avouer les