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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/129

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écrasé : plus il y a de cohue, & plus on se félicite le lendemain d’y avoir assisté.

Quand la presse est considérable, les femmes se jettent dans le flux & le reflux ; & leurs corps délicats supportent très-bien d’être comprimés en tout sens au milieu de la foule, qui tantôt est immobile, & tantôt flotte & roule.

Il faut avoir bien peu d’esprit, dit-on, pour n’en avoir pas sous le masque ; ce qu’on y entend est cependant beaucoup moins spirituel que ce qui se dit dans nos cercles. On n’y parle point des personnes ni des événemens ; & tous les propos deviennent vagues, futiles, excepté ceux de galanterie. Si le gouvernement permettoit pour un seul bal un franc parler absolu, cela seroit très-piquant.

Les filles entretenues, les duchesses, les bourgeoises sont cachées sous le même domino, & on les distingue : on distingue beaucoup moins les hommes ; ce qui prouve que les femmes ont en tout genre, des nuances plus fines & plus caractérisées.